Elle se tournait et se retournait sur son lit de feuilles, ne parvenant pas à trouver le sommeil. Le cauchemar d’Atlantis occupait bien trop ses pensées
Sans bruit, elle délia ses membres pour se relever. Elle se sentait lourde et son corps courbaturé la faisait souffrir mais elle fini par parvenir à se mettre sur ses 4 pattes, l’effort lui arrachant un rictus.
Lentement, la Prius slaloma entre les corps endormis de ses compagnons, veillant à ne réveiller personne. Elle se faufila entre les arbres de la forêt, ombre dans la nuit, s’orientant parfaitement grâce à ses sens sur développés et sa vue nyctalope.
La nouvelle de la veille lui avait fait une douche froide : en plus d’avoir mis en danger la vie de ses compagnons, elle avait noyé un peuple entier, provoquant l’exil des siens… une nouvelle fois.
Elle se traîna jusqu’à l’orée de la forêt de Tremblevie, préférant contourner le Serpent plutôt que de jouer les cascadeuses. Elle en avait assez fait, déjà.
Sous ses pattes s’étendirent bientôt l’immensité des terres subaquatiques. L’eau scintillait, reflétant la lumière de sa majesté la lune qui veillait sur la jeune Prius de là-haut. Cette dernière leva les yeux vers l’astre de la nuit, splendide, qui éclairait les cieux. Elle adressa une prière silencieuse à son dieu, l’Unique avant de reporter son attention sur le paysage. De son promontoire, elle pouvait presque distinguer les contours de la cité d’Atlantis qui se dressait fièrement sous les eaux.
D’ici, tout semblait si calme… il lui était difficile d’imaginer que ce qu’il s’était passé la veille était bien réel. Et pourtant.. la mort des Diggers et leur exil de la cité du Sud était bien réel. Oh comme elle aurait voulu revenir en arrière ! Son excursion ne lui avait guère apporté de réponses, elle n’avait fait que diviser la Harde et tuer des innocents. Et ses remords n’y changeaient rien.
Rongée par la culpabilité et la rage, elle passa ses nerfs dans un caillou, qu’elle envoya valdinguer plus loin en rugissant de colère. Contre elle, contre Saqr, contre Raya, contre l’Omen, contre Sanmaroth. Quoique… pouvait-elle réellement en vouloir à ce dernier ?
« DÉMONS! Je vous reconnais! Vous et votre race d'assassin... Vous les premiers meurtriers... »
Sa voix résonna dans son crâne comme un rappel. Elle s’assit, prise d’une soudain vertige alors qu’elle se remémorait la scène. Que s’était-il passé avant la renaissance… qu’avaient-ils fait ?
Son cœur battait la chamade : elle était plus perdue encore qu’avant de se rendre à Atlantis, doutant sur son identité. Serait-il possible que la renaissance ait aussi altéré sa façon d’être ? Son caractère ? Son âme ? Aurait-elle, jadis, pu être une meurtrière sans vergogne ? Elle ne savait plus.
Sioban déglutit avec peine, la gorge serrée. Les émotions se bousculaient dans sa tête et, pour la première fois depuis la renaissance, elle s’autorisa à verser quelques larmes. Juste quelques unes, qu’elle essuya bien vite d’un revers de la patte.