- REVENEZ ICI !
Nous pouffons de rire comme des imbéciles et, loin d'obtempérer, nous accélérons le rythme. Ça, c'est une belle soirée comme je les aime. Mes parents m'avaient libérée un peu plus tôt et j'en avais profité pour rejoindre mes amis. Ensemble, nous avions fait ce que nous faisions le mieux : chercher querelle au "gang" rival, un groupe d'adolescents dirigé par le fils d'un restaurateur concurrent et m'as-tu-vu. Et là, ils nous pourchassaient pour nous donner une bonne leçon. Mais tout ça n'est qu'un jeu innocent : nous savons tous que nous ne sommes pas sérieux et qu'en vrai, nous nous adorons. Toujours est-il que c'est drôle, de jouer à la guerre des gangs.
- On se sépare !
J'acquiesce et, hop ! le groupe se dissout. Mes amis s'éclipsent dans différentes ruelles, suivis d'au moins un poursuivant. Tactique habituelle. Sauf que d'habitude, je ne suis jamais pourchassée - mais pas cette fois. Étrangement, l'un de nos ennemis du dimanche m'a prise pour cible. Eh bien, qu'il en soit ainsi ! Je sais exactement ce que j'ai à faire. Terriblement excitée et amusée par la situation, je laisse échapper un léger rire qui flotte dans mon sillage, parvenant sans mal aux oreilles de l'Autre qui redouble d'efforts pour m'attraper. Mais, petite femelle agile, je suis plus rapide. Et plus vicieuse aussi - mais dans l'innocence la plus complète ! Je me dirige donc vers le palais et ne tarde pas à trouver mon sauveur.
- Monsieur le Garde !
Je ne le connais pas, mais il suffit de voir son casque doré et son air menaçant pour comprendre qu'il veille à l'ordre. Et l'ordre venait d'être dérangé - par moi, et par l'Autre qui m'avait suivie. Essoufflée, j'ai néanmoins assez de forces pour me jeter à plat ventre derrière ledit garde, le plaçant ainsi entre l'agresseur et moi.
- Aidez-moi, je vous en prie !
Moi, profiter de mon visage d'ange ? Jamais ! Mais oui, je l'avoue, j'accentue volontairement mon air de demoiselle en détresse. Cependant, pas un remord ne m'assaille : tout ça fait partie du jeu, après tout.

J'effectuais un petit tour de garde autour du palais, aujourd'hui j'étais censé rester cloîtré entre les murs du palais, parce qu'aujourd'hui c'est jour de congé. Mais il m'est vraiment impossible de rester coincé entre quatre murs sans pouvoir faire quoi que ce soit. Je décidais donc de faire un petit tour à l'extérieur sans aller trop loin à cause d'un rendez-vous important un peu plus tard dans la soirée que je ne devais manquer en aucun cas. Les congés étaient rare lorsqu'on occupait un poste important dans la société. Bien que personne ne me connaissent mon poste était aussi important que celui de Dandelion.
Je fus tiré de mes pensées par l'agitation soudaine de la ville dont les premières rues ne se situaient qu'à quelques mètres de moi. La foule vacait à ses occupations. Les marchands criaient à qui voudrait bien acheter leurs produits en offrant des réductions. Mes oreilles bourdonnaient. J'avais pourtant l'habitude d'entendre le brouhaha constant de la ville. Un mouvement étrange de la foule attira mon oeil. J'étais loin et ne voyais pas très bien, mais ma vue perçante me permi de voir que beaucoup de gens s'ecartaient, leurs ralement me parvinrent également. En insistant un peu je devina des félins fendant la foule à toute allure. Je pu bientôt les voir distinctement. Ils se rapprochaient de moi de plus en plus. Je pu bientôt identifier leur sexe simplement avec mon odorat. C'était un male qui poursuivait une femelle. La jeune féline riait. Et puis bientôt elle se rattrouva tout près de moi.
- Monsieur le Garde !
Dans un dérapage contrôlé elle se glissa derrière moi me laissant face au jeune mâle. Mais c'est pas vrai pourquoi c'est sur moi que ça tombe, ils pouvaient pas aller voir ailleurs ces deux idiots.
- Aidez-moi, je vous en prie !
Que faire? Mon boulot c'est de la protéger mais aujourd'hui c'est congé, alors que faire ?
Le jeune mâle ne paraissait plus aussi sur de lui. Et pui de toute façon maigre comme il l'était il n'avait aucune chance face à moi. Je commença à me détourner, la femelle à la gueule d'ange avait toute les capacités pour le battre à elle seule. Mais elle insista en m'implorant toute essoufflée.
- S' il vous plait.
Je me retourna. Je voyais bien dans ses yeux que pour elle c'était un jeu. Pour le mâle ce ne l'était plus depuis longtemps. Je détourna mon regard de la petite pour faire face au mâle. Mes yeux depuis tout a l' heure lançaient des éclairs. Je m'approcha de lui lentement en faisait rouler mes muscles sous ma fourrure brune. Il avait de plus en plus peur. Je m'arrêta juste avant que ma truffe touche la sienne. J'étais le dominant. Je fis mine de lever une patte et il ne lui en fallu pas plus pour cuire ventre à terre. Je pris mon temps et le regarda fuire.Même quand je ne le voyais plus je restais figé sans bouger, pesant tans bien que mal mes mots avant de me retourner vers la petite Umbra doucement et l'air grave.
- A quoi joue-tu ?

Ha ! Il part sans demander son reste. Ça a marché. Bien sûr que ça a marché ! Mes tactiques sont infaillibles ! Ravie de le voir partir, je laisse un sourire se dessiner sur mes lèvres. Au loin, je le vois se retourner pour me lancer un dernier regard vengeur ; je lui tire la langue derrière le dos du garde. Mon adversaire, vaincu, disparaît derrière les bâtiments de la cité. C'est alors que le garde, de son air le plus menaçant, m'adresse la parole. J'en aurais tremblé, si je n'avais pas su que son travail était de me protéger.
- ... A rien.
Je me redresse pour m'asseoir, n'osant pas regarder le mâle droit dans les yeux. Au fond, il me fait quand même un peu flipper. Hésitante, je lui lance quelques regards en biais, me demandant s'il valait mieux en rester là et quitter les lieux. C'est étrange comme, en l'espace de quelques secondes, je suis capable de passer d'une vile comédienne à un petit animal craintif...
- Ce type m'a prise en grippe, et il s'est mis à me pourchasser...
Je me sens obligée d'expliquer la situation, comme si j'étais fautive. Les yeux rivés au sol, les oreilles reposant mollement sur le crâne, j'ai un air misérable des plus adorables. Enfin, moi, je n'en sais rien - je ne fais même pas exprès de paraître si apeurée, c'est juste que le garde commence vraiment à m'inquiéter...