Rellehl avançait d'un pas lourd dans les rues de la cité du Sud. Ses yeux se posaient sur les maisons colorées sans réellement les voir. Morose, il était plutôt de mauvaise humeur. Pourtant, lui et les siens ne manquaient de rien ici : les souverains du Sud leur offrait un superbe accueil sans exiger d'eux quoi que ce soit en échange - du moins pour l'instant -, ils étaient reconnus tant pour leur statut de guerrier que leurs âges ancestraux, ils étaient admirés de la population. Rellehl sentait d'ailleurs les regards appuyés des curieux, les têtes se tournant toujours sur le passage de ces ancêtres sortis des glaces.

Mais le Royaume du Nord lui manquait... Le Royaume du Nord, ce souvenir édulcoré qu'il gardait précieusement caché dans son coeur, l'image saisissante de beauté de son Impératrice, la magnifique Nélhet... Que faisait-elle, d'ailleurs ? Le Nord avait-il eu vent de la présence des Pantherinae Prius dans le Sud ? Lui en voudrait-elle ? Pensait-elle toujours lui, comme lui pensait à elle, dans l'attente interminable de la revoir un jour ? Quand ?! Un cri long et silencieux, qui résonnait chaque jour dans ses entrailles. Il avait beau tenter de se changer les idées, l'image de sa dulcinée le hantait. Son aimée si magnifique, si unique, que personne ne pourrait jamais remplacer. Il avait si hâte de la revoir...

Mais les siens commençaient à s'établir dans le Sud. Lentement, mais sûrement. C'était peut-être le mieux pour eux, non ? Mais cela ne plaisait pas à Rellehl, pas du tout. Il ne voulait pas rester en ces terres infâmes, où la pauvreté était envahissante. Il voulait revoir la belle ville du Nord et son palais somptueux. Lui et les siens n'étaient pas réellement à leur place ici, non ? En plus, il faisait trop chaud. Même s'ils étaient logés comme des rois - ou presque -, s'imaginer vivre dans le Royaume du Sud plutôt que celui du Nord lui laissait un goût amer.

Rellehl avait donc fuit le confort du palais des souverains du Sud pour déambuler dans les rues bondées et se changer les idées, mais il ne pouvait s'empêcher de ressasser ses pensées moroses. Au final, il ne parvenait pas à apprécier ce séjour au Royaume du Sud, aussi agréable et accueillant qu'il fût. Le regard dans le vague, de sa démarche pesante, il s'enfonçait lentement dans les ruelles de la Cité, insensible à la misère qui régnait.