Il faisait très sombre en cette fin d’après-midi. Plus que de coutume. Mais ça n’était pas plus mal. Dandelion s’était échappé de ses obligations habituelles car une autre affaire attirait son attention, et l’obscurité l’aida à se dissimuler et à échapper à d’éventuels dérangements. Il lui faudrait toute sa concentration. Il se faufila dans les couloirs, esquivant les zones de lumières, bondissant d’ombres en ombres. Cela l’amusa presque. Mais ce qu’il avait en tête était trop grave et le préoccupait trop pour qu’il arrive à penser à autre chose.
Il sorti du palais par un couloir très étroit et peu fréquenté en ne prévenant que Nanred, son vieil ami. Il s’engagea dans les ruelles les plus sombres et se dirigea vers la grande bibliothèque. Le bâtiment était semblable à une gigantesque cathédrale avec son propre parvis et il surplombait une place publique pavée de magnifiques pierres blanches sculptées de bas-relief. Il préféra éviter la place en question ainsi que l’immense porte en bois ouvragée qui constituait l’entrée principale de la bibliothèque.
A la place, telle une ombre, il se glissa jusqu’à la façade ouest du bâtiment. Les murs formaient une sorte d’angle, un renfoncement qui cachait une petite porte secondaire que peu de gens connaissaient. Il entra par là.
Beaucoup connaissaient bien mieux que lui le plan des rayons qui serpentaient à l’intérieur de cet édifice de pierre, mais il en connaissait suffisamment pour savoir à peu près où chercher : dans le rayon histoire et religion. Le mammouth avait mentionné un certain « Omen » lors de son attaque destructrice et la façon dont il en avait parlé sonnait comme s’il s’agissait d’un culte ou d’un dieu. Dans sa recherche de compréhension, Dandelion était obligé d’essayer d’en savoir plus à ce sujet, pour comprendre, savoir à quoi il avait affaire. Et surtout glanner le plus d’information possible au sujet de la bestiole qui se baladait tranquillement dans les souterrains de la cité.
La bibliothèque du Royaume du Nord était très riche, c’était le premier endroit où il avait pensé à chercher. Si cet Omen avait déjà était mentionné auparavant ou même était apparu, un de ces livres devait forcément y faire référence. Cependant, n’ayant jamais entendu ce nom de toute sa vie, il craignait que ce ne soit une totale nouveauté, qu’il n’ait jamais existé avant. Mettant ses doutes de côté, il commença dores et déjà à chercher en lisant les registres placés devant chacun des rayons et qui répertoriaient tous les ouvrages présents sur les étagères. La tâche s’annonçait colossale et il ne disposait pas d’un temps illimité, il ne devait donc pas se laisser aller au désespoir s’il voulait rester le plus efficace possible. Il craignait trop de laisser cette corvée au soin de quelqu’un d’autre. Il l’aurait bien confié à Nanred, mais ce vieux scientifiques était absorbé par une autre tâche non moins importante.
Certains titres attirèrent son attention, trois en particulier. Il rassembla tous les livres « suspects » sur une grande table en bois au fond de la bibliothèque, dans un coin reculé. Les hautes étagères la dissimulaient assez bien et il pourrait donc travailler en paix, dans la mesure du possible.
Il commença donc sa lecture, mais aucun des trois livres qu’il avait choisi ne semblaient renfermer ce qu’il cherchait. Il reparti donc vers les rayons qui l’intéressaient en quête des ouvrages qui lui apporteraient les réponses à ses questions.

Une ombre blanche parcourait les rues. Tous feu-follets allumés, Aleksander partait en quête d'informations, mais cette fois-ci, pour sa satisfaction personnelle. Il voulait en savoir plus sur le fléau qui avait mis la blanche et immaculée -à son image- cité du Nord sur les genoux à ce point. Il avait beau interroger ses sources extérieures habituelles, aucune n'avait pu lui en apprendre plus sur l'Omen. Il savait que ce nom ne lui était pas inconnu. Il l'avait rencontré dans un des ouvrages de la bibliothèque antique. Comme quoi, sa passion pour les vieux bouquins ne s'avérait pas si inutile que ça.

L'umbra cheminait vers la bibliothèque. Le jour tombait rapidement. Les feux du soleil disparaissaient peu à peu derrière l'horizon. Aleksander s'arrêta un instant pour contempler la vue puis repartit en direction de la bibliothèque.

Les portes de celle-ci étaient toujours ouvertes. Un moyen d'encourager la population à se cultiver. C'était un endroit où régnait la paix. Ce jour là ne faisait pas exception, malgré les récents événements. L'heure y était elle aussi pour quelque chose. Il ne restait pas grand monde dans l'ancienne bibliothèque, la rescapée du temps. Quelques renégats s'y tenaient encore, mais l'essentiel des gens qui passaient par là était parti.

Aleksander passa les portes et se glissa à l'intérieur. Un calme presque religieux régnait. Le léopard blanc semblait comme un fantôme, silencieux et comme nappé de brume. Il dépassait les allées une à une, à pas de loup. Il savait parfaitement où il allait. Il passa devant le rayon "Culte et Religion" sans même y jeter un regard. Il allait vers le fond, tout au fond de la bibliothèque, après des tours et des détours d'allées. C'était là qu'étaient rangés les livres les plus anciens. Beaucoup d'ouvrages n'étaient que de simples rouleaux de papier, mais certains, rares, étaient reliés. Beaucoup avaient subi les ravages du temps, mais celui qu'il cherchait était encore en plutôt bon état. Il soupçonnait ce livre de n'avoir pas été bougé depuis qu'on l'avait posé là. Des tas d'autres livres avaient été entassés devant lui, formant un barrage presque opaque qui l'avait protégé de l'usure et de la violence des éléments comme l'oxygène, le soleil ou même l'humidité.

Arrivé devant le rayon, il lui fallu déplacer beaucoup de livres pour le trouver. La dernière fois qu'il l'avait consulté, il l'avait dissimulé derrière un tas de livre, comme pour le cacher à la vue des autres. Comme si son contenu pouvait choquer certaines personnes. Comme s'il voulait le garder secret. Pour le garder pour soi. Il s'empara du livre et fit demi-tour. Il passa et repassa, refit chaque détour pour se rapprocher de la table où il avait l'habitude d'aller. Arrivé à cette table, il s'assit et ouvrit son livre, sans même un regard pour le grand lion blanc assis presque en face de lui. Il était tellement concentré sur l'ouvrage qu'il n'avait pas remarqué le cornibus.

Perdu dans sa lecture, il cherchait le passage qui parlait de l'Omen. Au bout d'un moment, il releva un peu la tête et vit les trois ouvrages posés devant lui. Apparemment, cette personne cherchait la même chose que lui. Il haussa les épaules et retourna à sa lecture.

Un peu plus tard, il mit enfin la patte sur le passage qu'il cherchait. On y apprenait quelques choses sur le culte de l'Omen. Aleksander le lit vite, avide d'en savoir plus et tourna ensuite frénétiquement les pages à la recherche de plus d'informations, mais sans succès. L'Omen était évoqués quelques fois dans les pages suivantes, mais sans plus de détails. Il soupira et poussa le livre vers son voisin d'en face. Il leva les yeux vers lui et écarquilla ces derniers. L'Empereur en face de lui cherchait lui aussi des renseignements dur l'Omen. L'informateur se remit bien vite de sa surprise et afficha un air malicieux.

"Vous devriez chercher là-dedans, Dandelion."

Il sourit. Il avait déjà vu l'Empereur et lui avait déjà fournit des informations, mais jamais en personne, toujours par l'intermédiaire des serviteurs de celui-ci. Ne pas l'appeler "Votre Majesté" n'était vraiment une provocation, mais plutôt un défi que le léopard blanc se lançait à lui-même. Il espérait que l'Empereur allait rentrer dans son jeu. Aleksander avait plus de connaissances sur l'Omen que Dandelion. Le savoir ne fait-il pas le pouvoir, après tout ?

La lecture commençait à lui fatiguer les yeux, mais il continuait sans relâche. Le but était trop important pour jouer à la chochotte. Alors il continuait à parcourir les pages avec attention, déterminé à trouver quelque chose, n’importe quoi qui fut suspect.
Au bout de quelques heures, toujours rien. Dandelion commençait à se décourager. Il était quasiment certain que l’information se trouvait dans ces livres. L’étage où il était allé les chercher était le seul endroit de la bibliothèque susceptible d’abriter ce qu’il cherchait. Peut-être n’était-il pas complet ? Peut-être des ouvrages avaient-ils été mal rangés, déplacés ?
Il décida de reprendre sa lecture depuis le début. Dans sa précipitation, il avait peut-être raté un paragraphe important. Même s’il en doutait.
Dans sa concentration, il ne vit pas arriver l’autre individu qui s’était installé à la même table que lui. Comme s’il n’y en avait pas des dizaines d’autres dans cette bibliothèque. Il n’y prêta attention que lorsque ce dernier l’interpela de la plus maladroite des façons.

« Vous devriez chercher là-dedans, Dandelion. »

Ni bonjour, ni marque de respect, une phrase qui sonnait même un peu comme un ordre. Dandelion, courbé au dessus de son livre, se redressa lentement et examina son interlocuteur d’un oeil froid et dur. C’était un léopard des neiges d’une bonne taille et élancé. Il planta son regard multicolore dans les pupilles bleues de l’individu, d’un regard sévère dont il avait le secret. Le regard qui disait qu’il ne supportait ni l’irrespect ni le dérangement alors qu’il était si occupé.
Cependant, Dandelion n’est pas le genre de félin qui se vexe et qui, par idiotie, ignore les paroles de celui qui l’aurait offensé. Sans dire un mot il fit le tour de la table en prenant son temps. Il était extrêmement pressé de lire le parchemin que l’individu lui présentait, mais il ne voulait pas le montrer. Il était très bon comédien. Il arriva enfin à la hauteur du félin blanc qu’il toisa de haut en bas pendant 2 secondes puis s’en désintéressa totalement pour se pencher sur le document ouvert sur la table.
Et ce fut le choc. Ce qu’il lu le fit frissonner du museau à la queue. Même s’il avait voulu dissimuler cette réaction, il ne l’aurait pas pu tant elle l’avait percuté avec violence. Une fois le premier choc passé, il se repencha sur le parchemin et relu une seconde fois. Voici les mots qui étaient tracés à l’encre blanche sur la feuille de parchemin brune :



" Voilà des années que mon rôle est de protéger le monde de ces fausses idoles. Moi, ainsi que les miens. Nous œuvrons dans l'ombre, pour les autres nous ne sommes qu'une simple légende. Le plus important n'est pas d'être connu mais de protéger Mörendrüll et les Îles prospèrent d'Ördrüll. Toutefois il semblerait qu'être des héros dans l'ombre ne plaise pas à tout le monde...

Managa a disparu depuis maintenant plusieurs jours et l'une des six idoles s'est volatilisées avec lui il s'agit de l'Omen. J'ose espérer qu'il est à sa recherche car sans son jumeau l'idole Unique risque de déraillé... Le temps est compté.

J'ai peur que *les mots sont illisibles* ...



- Faër, 7e moine.



Il le relut à nouveau. Il fit fonctionner son excellente mémoire et apprit le texte par cœur, juste au cas où.
Ces informations devaient rester secrètes. Au moins pour le moment. Il réenroula le parchemin sur lui même et le prit avec lui. Il l’emmènerait au palais pour l’étudier, pour le cacher. Il prendrait le temps de réfléchir à ces mots plus tard, il avait d'autres choses à régler à ce moment précis. Il restait à savoir quoi faire du léopard.
Il s’assit bien droit et planta à nouveau son regard dans celui du félin, comme un supérieur agirait en face d’un sujet. Ce qui était par ailleurs le cas. Cependant il veilla à adoucir quelque peu son regard. Le léopard ne lui avait certes pas montré le respect qui s’imposait, mais il lui avait apporté la réponse à ses questions. Enfin presque. Disons qu’il lui avait apporté des informations dont naquirent encore plus de questions. Et son éducation était faite de telle sorte qu’il ne pouvait pas ne pas être un minimum reconnaissant.
Mais il restait sceptique.

« Qui êtes-vous ? »

Il s’exprima d’une voix calmée et posée, sans laisser transparaitre la moindre émotion à travers ces mots.

Aleksander relut lui aussi le passage. Sa curiosité était très forte. Un émotion s'empara alors de lui. Comme une impression de déjà-vu, le sentiment que sa mémoire qui lui faisait défaut avait recommencer de fonctionner comme si elle ne s'était jamais arrêtée. Il relut encore une fois le passage, pour le mémoriser. Il l'écrirait mot pour mot dans un dossier à peine serait-il arrivé chez lui. Il savait qu'il devait la retenir. Il avait la sensation que c'était un indice important, une clé indispensable pour les événements à venir. Comme un parfum doucereux que ce qui est en train d'arriver n'est qu'une réplique de ce qui est arrivé.

Aleksander regarda l'Empereur. Malgré son aversion pour les nobles, il avait beaucoup de respect pour le monarque que l'on disait inférieur à son père. Il le soutenait silencieusement, n'ayant jamais voulu l'avouer.

Les pupilles bleues translucides de l'umbra soutinrent le regard multicolore du souverain.

"Qui êtes-vous ?"

Cette fameuse question. C'est vrai qu'il ne s'était pas présenté, mais ce n'est pas dans ses habitudes de donner son identité à tout le monde. Le léopard fit une légère révérence.

"Je suis Aleksander."

Il marqua un temps d'arrêt et remua les oreilles.

"Mon nom ne vous est sûrement pas familier, mais vous avez déjà eu recours à mes services, Majesté. Je suis un informateur, et occasionnellement, un amateur de vieux livres."

Il se rassit et regarda l'Empereur.

"Vous allez emporter ce manuscrit avec vous ? Si c'est le cas, auriez-vous l'amabilité de me faire savoir quand vous aurez fini de l'étudier ? J'aimerais y jeter un coup d'oeil plus avisé."

Il ajouta.

"Nous pourrons ainsi en discuter. Et si sa Majesté le désire, je peux effectuer d'autres recherches sur le sujet, dans la bibliothèque ou ailleurs, dans la Grande Cité du Nord comme dans tout Mörendrüll. Après tout, n'est-ce pas mon métier ?"

Le léopard essayait de rattraper sa "mauvaise conduite", maintenant qu'il avait vu à quel point le monarque pouvait jouer et cacher ses émotions -ou du moins, il en avait assez vu-. Il venait, avec ce court échange, de tester et d'évaluer l'Empereur, pour connaître la limite à ne pas franchir . Il essayait presque de s'attirer ses faveurs. Être informateur pour la cour, s'il pouvait ne serait-ce que l'espérer, était une progression non-négligeable. Malgré tout, il savait qu'il aurait probablement à jouer des ronrons et des flatteries pour s'attirer une certaine confiance de la part de Dandelion, sauf si celui-ci daignait de reconnaître les hypothétiques capacités mentales du léopard des neige. Cette reconnaissance de ses capacités lui ferait grand plaisir, car il n'avait pas le temps et la patience pour jouer le jeu des courtisans.

L'umbra sortit une carte de visite de sa cape, d'une couleur bleu nuit constellée de cristaux blancs brillants, qui rappelait un ciel étoilé. Il la tendit à l'Empereur.

"Il est peut-être un peu présomptueux de ma part, mais voilà ma carte de visite. Je n'officie pas à domicile, mais s'il le faut, je ferai une exception pour vous."

Il hésita à faire un clin d'oeil, mais se dit juste à temps qu'il valait mieux éviter de provoquer le courroux du Monarque blanc comme neige, surtout après son impertinence passée.

Sur le morceau de papier blanc était écrit une adresse, ainsi qu'un nom "White Panther's Secrets". C'était le nom de sa boutique, ou plutôt de son bureau.

Le léopard blanc parti dans une légère révérence. C’est déjà mieux, se dit Dandelion.

« Je suis Aleksander, répondit-il, remuant les oreilles. Mon nom ne vous est sûrement pas familier, mais vous avez déjà eu recours à mes services, Majesté. »

Ah oui ? Dandelion n’en avait pas réellement souvenir. Certainement était-ce par une demande indirecte. Le léopard avait surement traité avec un de ses ministre.

« Je suis un informateur, et occasionnellement, un amateur de vieux livres. Vous allez emporter ce manuscrit avec vous ? Si c'est le cas, auriez-vous l'amabilité de me faire savoir quand vous aurez fini de l'étudier ? J'aimerais y jeter un coup d'oeil plus avisé. Nous pourrons ainsi en discuter. Et si sa Majesté le désire, je peux effectuer d'autres recherches sur le sujet, dans la bibliothèque ou ailleurs, dans la Grande Cité du Nord comme dans tout Mörendrüll. Après tout, n'est-ce pas mon métier ? »

Dandelion hésitait. Confier un document si précieux à un inconnu total n’était pas prudent, et négliger la prudence n’était pas dans ses habitudes. Cependant, il était intimement convaincu qu’aucun de ses proches ne pourraient lui fournir la moindre réponse, même les plus érudits d’entre eux. Mais peut-être que cet étrange personnage, si. Après tout, c’était bien lui qui lui avait trouver ce parchemin.

« Il est peut-être un peu présomptueux de ma part, mais voilà ma carte de visite. Je n'officie pas à domicile, mais s'il le faut, je ferai une exception pour vous. »

Cela ne l’était pas, présomptueux. Au moins, Dandelion en savait un peu plus sur cet inconnu. Ce qui l’était, en revanche, c’est la façon dont il déclara pouvoir faire une exception pour lui. Evidemment qu’il le ferait, ça n’était pas le boulanger du coin qu’il avait en face de lui, mais bien l’empereur.
Une fois qu’Aleksander eut fini de parler, Dandelion garda le silence un moment, pensif. Il était extrêmement réticent à l’idée de lui faire confiance, d’autant qu’il se rendait parfaitement compte qu’il n’avait pas affaire à un benêt. Il aurait préféré, cela lui aurait évité toutes ses réflexions. Puis il parla, attentif aux mots employés :

« Je suis enchanté de faire votre connaissance, Aleksander, vraiment. Vous avez apporté des réponses à certaines de mes questions, et je vous en suis reconnaissant. Cependant, je ne peux accéder à votre requête. Je ne vous confierai pas un document d’une telle importance. »

Dandelion enchaina avant que le léopard n’ait pu protester.

« Comprenez moi bien. Vous l’avez lu tout comme moi. Vous savez ce que cela peut représenter. Je ne laisserai plus ce document sortir du palais, une fois que je l’y aurais placé en sécurité. »

Il fit une petite pause, se demandant s’il ne faisait pas une erreur de lui proposer ce genre de marché. Il ne savait pas avec certitude à qui il avait affaire.

« En revanche, je ne peux refuser sa lecture et son étude à l’être qui l’aura découvert. Si vous voulez le consulter, vous en aurez la possibilité aussi souvent que vous le souhaiterez. Vous devrez cependant vous déplacer au Palais. Et alors vous pourrez m’aider à en percer les mystères. »

Dandelion savait que s'il refusait tout d'un bloc, cela ne ferait aucunement avancer les choses. Il avait appris bien vite, dans son rôle d'empereur, que donner permettait de recevoir. Et puis de toute façon, il avait besoin de ses réponses, et le seul qui semblait compétent pour les lui apporter se tenait devant lui. Il aurait donc été absurde de l'empêcher d'étudier le document. Cependant, l'empereur préféra poser ses conditions dès maintenant. 

« Il faut aussi que vous ayez à l’esprit que, tant que tout cela n’aura pas été tiré au clair, il est préférable que ce qui est inscrit sur cette page ne s’ébruite pas. Si c'est le cas, je serais que nul autre que vous n'en serait responsable. »

Dandelion ne cultivait aucun culte du secret. Ca n’était pas volontairement et par plaisir qu’il souhaitait garder son peuple dans l’ignorance, au contraire. Seulement pour le protéger de lui-même. De toute façon, le message était plus que mystérieux, cela n’avancerait à rien d’en parler, sauf à déclencher des questions et des inquiétudes inutiles. Et l'Unique sait qu'en ce moment, toutes les attentions et tout les efforts ne devaient être concentrés que sur la reconstruction. Les habitants avaient déjà assez de soucis comme cela, et l'empereur comptait bien leur épargner celui-ci.
Lorsque tout serait tiré au clair, alors seulement Dandelion diffuserait l’information. Si Aleksander désobéissait à cet ordre direct et explicite, il s’exposait à une sanction sévère. L’empereur ne formula pas la menace, il avait l’intuition que ce dernier avec l’intelligence nécessaire pour la lire entre les lignes.

« J’accepte également votre offre à propos de possibles recherches à ce sujet. Êtes-vous certains d’être en mesure de rapporter des informations supplémentaires ? »

Non pas qu’il le sous-estimait, c’était là la formulation d’une réelle inquiétude : y avait-il vraiment d’autres indices à trouver ou était-ce là le seul qu’ils trouveraient jamais ?