Une odeur de pourriture vint s’infiltrer dans ses narines. D’abord lointaine, ténue, elle modifia délicatement son rêve en un véritable cauchemar où les corps désarticulés des Prius l’entouraient, baignant dans une mare de sang. Leur sang.

« Écoute, misérable! »

La voix résonna dans son crâne, se répercutant dans ses oreilles, comme un écho qui ne finirait jamais.

« Courbe l'échine devant ton nouveau dieu ! »

La peur s’infiltra dans son esprit alors que des gouttes de sueur ruisselaient le long de son corps endormi.

« Ainsi, tu condamne les tiens... Tu regretteras ton choix ! »

Lentement, les corps mutilés des siens se redressèrent, l’encerclant et resserrant leur étau dans un horrible craquement d’os. Ils s’approchaient, méconnaissables, en répétant sans cesse la dernière phrase, bougeant leur membres de façon anormale, comme possédés.  :

« Tu regretteras ton choix ! Tu regretteras ton choix ! »

L’odeur se fit de plus en plus forte, horrible, la prenant à la gorge, emplissant tout son être.

Sioban ouvrit brusquement les yeux, se redressant pour inspirer une grande goulée d’air. Son cœur battait la chamade, le sang tambourinait dans ses tempes, et elle fut obligée de fixer un instant le mur en face d’elle afin de reprendre ses esprits.

Lentement, elle revint à la raison. Les cauchemars étaient fréquents ces temps-ci : il était rare qu’elle passe une nuit reposante. Si elle avait cru que sa visite fortuite à Atlantis calmerait ses insomnies, elle n’avait fait que les empirer, renforçant ses craintes et multipliant ses questions.

Son réflexe fut de chercher du réconfort auprès des siens. Hélas, elle se rendit vite compte que quelque chose ne tournait pas rond : l’odeur de ses comparses avait totalement disparue.
Complètement désemparée, la Prius se redressa péniblement, ses blessures de guerre la faisant encore souffrir, mais un regard aux alentours lui prouva qu’ils n’étaient plus là. Ou plutôt… qu’elle n’était plus avec eux… En effet, elle ne se trouvait guère plus sous le couvert des arbres de Tremblevie, où elle et son peuple avaient élu provisoirement domicile. Tout autour d’elle se dressaient d’immenses murs à l’intérieur desquels flottaient une atroce odeur de chair en décomposition, rappelant sans mal le combat contre Disease aux piliers du présage.

Les pattes tremblantes, elle prit une grande inspiration pour se rassurer, et s'engagea dans le long couloir qui lui faisait face.